Cet article vise à montrer l'impact de la dégradation de la forêt classée de Dindéresso sur les animaux, notamment les grands mammifères. La recherche a été conduite dans les villages limitrophes de la forêt classée de Dindéresso et dans la ville de Bobo-Dioulasso, chef-lieu de la province du Houet. Les données ont été recueillies auprès des résidents des différentes localités, des responsables administratives et des autorités coutumières. S'inscrivant dans une démarche socio-anthropologique, notre méthode de travail s'est axée sur la recherche documentaire, complétée par les données empiriques issues des entretiens et de l'observation directe.

Il ressort de l'étude que la forte régression du couvert végétal dans la province du Houet a ouvert la voie des aires protégées aux acteurs agricoles et pastoraux. Ainsi, on assiste à une ruée de la population rurale et urbaine vers la forêt classée de Dindéresso compte tenu de son caractère périurbain. À la suite de l'étalement spectaculaire de la ville de Bobo Dioulassso, dans le jeu des interactions entre Homme-Nature-Espèces animales, les humains en vue de satisfaire leurs besoins, ont fini par phagocyter l'univers des animaux. Cette situation a conduit des transformations énormes aussi bien dans le territoire des humains que celui des animaux. La forte dépendance des humains aux ressources forestières a fini par reléguer dans les oubliettes une population en péril : les grands mammifères.

Reconnue comme une zone peuplée par de grands mammifères dans le passé, la forêt classée de Dindéresso ne regorge de nos jours que des petits rongeurs et d'autres espèces animales qui cohabitent à la fois avec des hommes et des troupeaux d'ovins et de caprins. Cette réalité nouvelle, fait de la forêt classée de Dindéresso, un territoire sans habitats pour les grands mammifères.