Ma communication se propose de porter un regard anthropologique sur la question de la réintroduction de l'ours dans les Pyrénées béarnaises comme révélateur des enjeux économiques pastoraux et touristiques de l'espace montagnard d'altitude et comme synthèse d'antagonismes anciens, non sans conséquences sur l'entretien des montagnes et des paysages.
S'il est un animal emblématique commun à notre planète, c'est l'ours. Plantigrade fantasmé, porteur de mythes, comme le retour du printemps, figure de contes, personnification du lien entre le sauvage et le civilisé, accusé du rapt de femmes et responsable de la mise au monde de monstres, sauvage parmi les sauvages, sa figure mythique s'oppose néanmoins à la réalité comportementale de l'ours : sauvage peureux, seules les mère suitées se montrent agressives.
En Béarn, son anthropomorphisme en fait un animal à la fois assimilé aux hommes et refoulé aux confins du sauvage.
La revendication exogène du maintien de la population ursine en Béarn et de sa maîtrise d'une part, son refus par quelques acteurs économiques d'autre part, réactive un conflit d'usage de la montagne pyrénéenne, espace de loisirs et de transit économique engendrant la diminution drastique du territoire de l'ours et une perturbation importante de son biotope.
Nous étudierons comment l'ours, promu en argument écologique et doté d'un capital sympathie non négligeable, tantôt adulé et protégé, tantôt chassé et détesté, se trouve malgré lui être un enjeu économique et politique, qui catalyse les questions relatives aux conflits d'usage dans l'espace montagnard béarnais multifonctionnel. La volonté de retour à un état d'ensauvagement antérieur questionnera notre propos, dans la recherche de la re-création d'un milieu naturel ensauvagé sous contrôle profondément modifié par l'homme en amont et en aval de ce projet de re-création.